L'oiseau rare
Grande Aigrette - Great Egrett - Ardea alba
Ce n'est pas tous les jours que l'on peut croiser un tel oiseau. Deux fois en tout et pour tout : en 2006, dans la Camargue gardoise. Et puis ce 2 novembre 2007, dans la Dombes !
Très farouche, cet oiseau majestueux, que l'on ne peut pas confondre avec l'Aigrette garzette (Egretta garzetta), plus commune, se laisse difficilement approcher. D'une taille supérieure au héron cendré, son bec est jaune.
La photographie présentée n'est certes pas de grande qualité, mais elle est le reflet de cette observation peu courante pour moi. Des conditions de lumière peu favorable (soleil d'automne couchant, brume sur l'étang), la distance me séparant de l'oiseau, l'obligation de me mettre à la plus grande focale (300mm) et la plus grande ouverture possible, le manque cruel de piqué ont mis à mal mon objectif (de moyenne qualité) 70-300 Tamron. Je ne critiquerai pas plus ce télé car pour 200 €, le rapport qualité/prix est excellent ! Dans des conditions difficiles, il montre toutefois ses limites !
De la taille des Hérons cendrés, bien connus de tous, elles ne peuvent
être confondues ni avec eux, ni avec aucun des autres échassiers
visibles dans notre région. En dehors du grand bec jaune et des longues pattes jaunes et noires, la Grande Aigrette
est entièrement blanche. Son long cou mince, son attitude dressée au
repos et la pureté de son plumage lui confèrent un air de noblesse.
En vol, grâce à ses battements d'ailes lents et souples, elle est encore très élégante.
Le spectacle offert par ces grandes silhouettes blanches, se détachant sur fond de paysage dépouillé et morne, est insolite et un peu irréel. Pour en profiter, les jumelles sont indispensables, car ces oiseaux farouches se tiennent à distance des hommes y compris de leurs installations et de leurs bruits. Le vacarme d'un coup de fusil de chasse est fatal à leur présence, comme à celui de la multitude des oiseaux qui séjournent sur certains de ces étangs propices à leur quiétude et à leur sauvegarde.
La Grande Aigrette a failli devenir la victime de sa beauté, au point de frôler l'extinction au début du siècle dernier. La mode féminine faisant alors grand usage de plumes d'oiseaux, les rafles des chasseurs plumassiers allaient lui être fatales. Le retournement du goût vestimentaire et les mesures de protection adoptées en faveur de cette espèce, l'ont sauvée. Cependant, il y a dix ans encore leur population européenne était évaluée à moins de 1000 individus. Avec un tel effectif, même assurément en progression depuis, cette espèce reste vulnérable. Ceci d'autant plus que ses aires de reproduction sont très localisées et bien réduites à l'échelle de notre continent. Ce sont essentiellement le lac de Neusiedl entre l'Autriche et la Hongrie, les deltas du Danube, du Don et de la Volga.
Traditionnellement, ces grands échassiers migrateurs hivernent dans le delta du Pô, sur les côtes des pays balkaniques, de la Turquie et de la Tunisie. Depuis quelques années, de petites populations s'installent notamment dans la Dombes et en Camargue pendant la mauvaise saison.
Texte de Gilbert Blaising pour le site www.oiseaux.net : http://www.oiseaux.net/dossiers/gilbert.blaising/la.grande.aigrette.html
Sur le site très fourni Oiseaux.ch, le portail de référence des oiseux sauvages en Suisse, il est fait état d'une observation de 50 individus le 10.12.2006 dans la Dombes !